22 janvier 2015
Alors, comment était le CES 2015 ?
par Olaf Adam
Pendant quatre jours au début de chaque année, tous les regards se tournent vers Las Vegas, car on attend généralement de la Consumer Electronics Show les grandes nouveautés dans le domaine de la TV, de la HiFi et du home cinéma. Pourtant, ces dernières années, les actualités de la CES sont de plus en plus dominées par les cuisines « intelligentes », les voitures connectées et d'autres tendances. Cela dit, les premières traditionnelles existent toujours, il suffit simplement de regarder de plus près pour les voir. C’est pourquoi nous étions là. Au début de ce petit récit d’expérience, il convient peut-être de mentionner brièvement les « grandes » tendances apparentes. Celles-ci sont généralement déjà anticipées à juste titre par de nombreux observateurs et analystes du secteur avant même le début du salon, et l’année 2015 n’a pas fait exception. Ainsi, dès la fin décembre, tout le monde savait de quoi il serait question à Las Vegas : maison intelligente, voitures connectées et ce qu’on appelle « l’Internet des objets ». Et effectivement, toutes ces thématiques étaient largement représentées à Las Vegas. Cependant, la grande révolution, comme le laissaient présager les rumeurs dans la presse (électronique) en amont, n’a pas eu lieu. Surtout dans le domaine de la maison intelligente, on aurait pu attendre davantage. Certes, de nombreux fabricants connus et inconnus se sont présentés sous cette bannière et ont montré beaucoup de nouveaux produits. Mais la norme unificatrice, la solution universelle permettant de transformer une maison connectée en une vraie maison intelligente, se fait toujours attendre. Ce qui était particulièrement intéressant à cet égard, c’est que l’on a surtout parlé, avant et même pendant le salon, d’un fabricant qui ignore traditionnellement la CES. Il s’agit d’Apple, dont la plateforme HomeKit est censée devenir ce standard unique, permettant non seulement de connecter entre eux des produits de différents fabricants, mais aussi de les contrôler intelligemment. On a d’ailleurs pu voir les premiers produits HomeKit à la CES, mais le grand effet « waouh » a malheureusement fait défaut. Il peut être sympathique de contrôler la prise de courant ou l’ouvre-porte de garage via un smartphone, mais ce n’est pas vraiment nouveau non plus. Ce qui est devenu évident à Las Vegas : beaucoup de ce qui a été présenté sous le mot-clé « maison intelligente » relève en réalité davantage du terme plus diffus « Internet des objets » ; de plus en plus d’appareils individuels, de la prise électrique à la cuisinière, sont effectivement connectés (ou connectables) et, théoriquement, reliés à Internet. Mais ce n’est que par une interconnexion intelligente des appareils que l’on pourra vraiment parler d’intelligence. De telles solutions viendront, sans aucun doute. Mais à la CES 2015, elles n’étaient présentes qu’à l’état embryonnaire.
Prise HomeKit du programme EVE d’Elgato – de nombreux produits sont déjà « connectés », mais très peu sont vraiment « intelligents ».
La CES devient cependant de plus en plus un laboratoire d’innovation pour les constructeurs automobiles internationaux ; et cela même si le célèbre Salon de l’Auto de Detroit a lieu seulement une semaine plus tard. Le mot-clé ici est voiture connectée, qui englobe tout, des solutions de divertissement liées au smartphone jusqu’aux technologies du futur comme les voitures autonomes ou les systèmes intelligents de gestion du trafic, dans lesquels tous les véhicules sur la route communiquent entre eux.
Les innovations les plus passionnantes de la CES viennent désormais des constructeurs automobiles – comme cette vision futuriste d’une future classe S autonome et, bien sûr, entièrement connectée de Mercedes Benz.
Mais naturellement, les fabricants qui s’occupent des thèmes CES plus traditionnels n’ont pas non plus chômé. Il est ainsi devenu très clair que la 4k/UHD sera l’avenir du marché TV. Samsung, par exemple, va introduire cette année 66 nouveaux téléviseurs (principalement incurvés) sur un peu plus de 100 nouveaux modèles, tous en UHD ; dans certaines tailles, il ne sera même plus possible de choisir entre Full HD et UHD. C’est similaire chez les autres fabricants, mais Samsung avait encore un atout supplémentaire (marketing) dans sa manche. Sous l’appellation un peu trompeuse de « S-UHD », ils n’ont pas présenté un nouveau bond en nombre de pixels, mais le dernier stade d’évolution des téléviseurs LED/LCD. Grâce à un rétroéclairage utilisant la technologie Quantum Dot et diverses autres innovations, ces nouveaux appareils S-UHD sont censés être au moins aussi bons, sinon supérieurs dans de nombreux domaines, aux fameux écrans OLED en termes de rendu des couleurs, profondeur des noirs, luminosité et brillance – pour un prix nettement inférieur. Logiquement, il n’y avait donc rien de nouveau à signaler chez Samsung concernant l’OLED, du moins pour l’instant, les Coréens semblent ne pas vouloir poursuivre ce sujet.
L’OLED n’est plus d’actualité pour le moment – Samsung mise tout sur la technologie S-UHD à base de LCD, qui, grâce à la 4k et à la technologie Quantum Dot, devrait même offrir une meilleure image.
C’est tout autre chose chez les voisins coréens de LG. Ici, l’OLED reste considéré comme la technologie TV haut de gamme du présent et du futur ; plusieurs nouveaux téléviseurs OLED 4k exposés sur le stand LG en témoignent clairement. Un sujet très passionnant en termes de qualité d’image, qui a été régulièrement discuté à Vegas, était le « High Dynamic Range » (HDR), c’est-à-dire les contenus avec une plage dynamique élargie. Netflix a ainsi annoncé, par exemple, des offres de streaming correspondantes pour un avenir proche, aussi bien en 4k qu’en Full HD. Des téléviseurs compatibles seront bientôt disponibles, par exemple chez LG ou Panasonic. La CES à Las Vegas, c’est aussi toujours une sorte de surenchère dans l’industrie TV : plus haut, plus vite, plus loin. Ces dernières années, c’était plutôt « plus mince », et le leader actuel dans ce domaine a été présenté par Sony : avec seulement 4,9 mm au point le plus fin, le X900C est actuellement le téléviseur 4k le plus plat du marché. Mais, étonnamment, ce n’était pas la grande sensation sur le stand Sony. Ce qui a le plus attiré l’attention et les médias fut plutôt la renaissance de la marque Walkman sous forme d’un lecteur de musique mobile haute-fidélité. Cela s’explique en partie par la réaction de nombreux journalistes généralistes, surpris par le prix d’environ 1 200 dollars américains envisagé. Ce prix est sans doute ambitieux et surprenant de la part de Sony, mais comme le prouve entre autres Astell&Kern depuis des années, il existe un marché intéressant dans cette gamme de prix.
Sony : le nouveau Walkman est un lecteur haute résolution à 1 200 dollars – une décision audacieuse !
Chez Astell&Kern, ou plutôt iriver, on réagira probablement avec sérénité à cette nouvelle. D’une part, ils disposent déjà d’une avance considérable sur le marché et en expérience, d’autre part, ils s’aventurent actuellement avec le système AK500 sur un tout nouveau terrain prometteur. Le système de bureau conçu autour du lecteur réseau AK500N est le premier produit Astell&Kern destiné à un usage domestique stationnaire, combinant la grande expertise du fabricant en matière de musique haute résolution avec des fonctionnalités pratiques, le streaming DLNA et la copie de CD bit à bit.
AK500 – le premier système stationnaire de Astell&Kern.
Nous voilà désormais, même géographiquement, dans une toute autre partie du salon. Tandis que les fabricants de téléviseurs et autres fournisseurs de masse se rassemblent principalement au Las Vegas Convention Center, le secteur de la HiFi et du haut de gamme se réunit depuis quelques années à l’hôtel Venetian ou au Mirage de l’autre côté de la rue. Dans l’atmosphère confortable de suites d’hôtel élégantes, on peut donc écouter et voir à loisir ce qu’il y a de nouveau, si tant est qu’on ait le temps, car l’offre est vraiment vaste.
Salon à la Las Vegas – l’hôtel Venetian est depuis quelques années le site de la CES pour la HiFi et le haut de gamme.
Chez les fabricants allemands présents, tout tournait – sans surprise – autour du streaming et de la musique haute résolution. Dieter Burmester a par exemple présenté le « petit » centre musical MC 151, basé techniquement en grande partie sur le MC 111, mais faisant l’impasse sur l’unité de préamplification et l’écran graphique. Également nouveau à Berlin : les enceintes BA 31, qui viennent compléter la gamme Ambience, ainsi que des prototypes d’enceintes murales très haut de gamme dans un élégant cadre en aluminium.
Dieter Burmester avec la BA31 et le MC 151.
Audionet partageait certes la suite au Mirage avec les spécialistes des platines Scheu Analog, mais pour les Bochumois, la tendance est tout autant au numérique. Dans le système de démonstration, par exemple, le préampli phono PAM G2 fonctionnait en parfaite harmonie avec le client de streaming DNP.
Thomas Gessler dans la suite Audionet et Scheu Analog au Mirage.
Chez MBL aussi, l’ambiance était luxueuse. Tandis que la nouvelle gamme Noble-Line en pleine formation poussait les diffuseurs radiaux 101E Mk.II à des performances maximales, une première impression du lecteur réseau assorti et de son application dédiée, qui devrait être disponible dans le courant de l'année en tant que produit fini, était donnée dans la pièce voisine, équipée plus modestement.
Lecteur réseau en streaming avec application élégamment conçue de MBL.
T+A misait également à Las Vegas sur la qualité numérique de la musique, mais avec une approche bien à elle. Le patron de l’entreprise, Siegfried Amft, qualifie le nouveau PDP 3000 HV de lecteur DSD haut de gamme. La combinaison de lecteur SACD et de DAC compatible DSD est censée tirer le meilleur de tous les formats numériques. Pour plus d’informations sur le PDP 3000 HV, il est possible de consulter le site de T+A.
Siegfried Amft est fier du P 3000 HV, qui complète la série HV extrêmement réussie.
D’autres fabricants allemands, comme Avantgarde Acoustic ou Clearaudio, n’avaient pas nécessairement de nouveaux produits à présenter, mais ont néanmoins profité de la CES pour se mettre en valeur et entretenir des contacts internationaux. De vraies nouveautés ont cependant pu être découvertes, par exemple chez Chord Electronics. Pour capitaliser sur le succès du Chord Hugo, les Britanniques ont présenté à Las Vegas le Hugo TT (Table Top), version domestique du Hugo. Bien qu’il soit conçu pour une utilisation à domicile, le Hugo TT dispose toujours d'une batterie, afin d’assurer une alimentation stable et sans interférences. Une nouvelle entrée USB asynchrone (type B) peut servir d’entrée aussi bien pour les flux HD que SD. La CES a également été le théâtre de la première du successeur du Chordette-DAC CuteHD, logiquement baptisé 2Qute. Ainsi, la gamme Chordette profite désormais aussi de la technologie DAC primée du Hugo. Pour en savoir plus sur le Chord Hugo TT ou le Chordette 2Qute, il est possible de consulter le site de Chord Electronics.
Deux premières mondiales chez Chord Electronics – Robert Watts (à gauche), le gourou du DAC, et le PDG John Franks présentent le Chordette 2Qute et le Hugo TT.
Innovation également chez Lyngdorf Audio. Le nouvel amplificateur de puissance SDA-2400 (2x 400 watts) dispose non seulement d’entrées analogiques, mais aussi numériques, il peut ainsi améliorer à la fois la qualité et la puissance sonore de nombreux lecteurs multimédias, streamers réseau ou préamplificateurs.
Lyngdorf Audio – l’amplificateur SDA-2400 dispose d’entrées à la fois analogiques et numériques.
En marge du salon proprement dit, il y a eu l’occasion de découvrir trois nouveautés de Rotel. Le RSP-1582 est un processeur AV 7.1 optimisé pour la meilleure qualité sonore possible, qui, outre la compatibilité 4k et des DAC Burr-Brown haut de gamme, propose également un égaliseur paramétrique 10 bandes et le Bluetooth aptX. Les nouveaux formats sonores 3D comme Dolby Atmos ou Aura 3-D ne sont cependant pas encore d’actualité pour Rotel. Le préamplificateur stéréo RC-1590 et l’amplificateur de puissance deux canaux RB-1590, également présentés à Las Vegas, offrent eux aussi les meilleures conditions pour un son d’exception. Pour plus d’informations sur le RSP-1582 ou la combinaison RB/RC-1590 de Rotel, il est possible de consulter le site de Rotel.
Présentation hors salon : processeur AV RSP-1582 et combo stéréo RB/RC-1590 de Rotel.
D’accord, la CES n’est peut-être plus un vrai salon HiFi, et même dans le domaine du home cinéma et de la TV, l’effervescence presque hystérique des dernières années s’est quelque peu calmée. D’autres thèmes dominent aujourd’hui la couverture médiatique. Mais il ne faut pas s’y tromper, car pour les passionnés de restitution d’images et de sons de grande qualité, il y a toujours beaucoup à voir et à entendre, à condition de regarder d’assez près.
